Eboa Lotin est né le 06 Août 1942 à Douala, Cameroun d’un père pasteur religieux, Adolphe Lotin’a Same (rénovateur de l’Eglise Baptiste Camerounaise), auteur de plus de 400 cantiques (œuvres que Francis Bebey interpréta à ses débuts) et d’une mère ménagère très active.
Il ne connaît presque pas ses parents puisqu’ils sont morts quand il avait à peine quatre ans. Une atrophie due à l’injection de quinine lui paralysa la jambe gauche à un très jeune âge.
Tout comme la plupart des artistes, Eboa Lotin a connu des moments de découragement et de désespoir, il commence à chanter à l’âge de huit ans et compose sa première chanson, Mulema mam (mon cœur) en 1962 il n’a alors que 20 ans.
Cette chanson est l’histoire d’un jeune couple sans expérience au sein duquel le mari vient d’accorder la liberté totale et inconditionnelle à son épouse (le divorce) because monsieur n’avait pas le porte-monnaie assez volumineux pour satisfaire les ambitions démesurées de sa femme.
Il enregistra dans les studios de Radio Douala, l’œuvre qui connut beaucoup de succès mais ne lui rapportant que très peu de satisfaction matérielle. Cultivant son amour pour le don qu’il possède de naissance, il continua à travailler jusqu’à très tard dans la nuit et finit par rencontrer le succès.
Cinq autres chansons furent composées, dont le fameux Mbemb’a mot’a sawa (1967), qui lui valut le 1er prix du Concours Vick’s Vedette (avec Duke Ellington, président du jury et Myriam Makeba membre du jury, entre autres) et la découverte de Paris. Il profite de ce voyage pour presser ses plus grands succès (aux éditions Philips).
Matumba Matumba (muñenge ma ngando) remporte un succès panafricain et international, Besombe en fait autant.
En juillet 1969, il représente le Cameroun au 1er festival panafricain d’Alger. Eboa Lotin ne déchiffre pas de partition, puisqu’il confie :
Je ne connais pas la différence entre la clé de Sol et la clé de Fa, les bémols, les dièses, les majeurs et les mineurs, je ne sais pas ce que c’est.
Ancien élève de l’école principale d’Akwa, l’homme n’est pas allé plus loin que le cours moyen 2ème année. Il se dit « analphabète régulier ».
Autodidacte, mais le talent insolent, sa musique a quelque chose de mystique ; on peut parler sans le moindre risque de se tromper d’héritage spirituel, de complicité génétique.
L’un des rares artistes à être invité en 1969 par :
- L’empereur Bokassa 1er, Centrafrique
- Marien Ngouabi, Congo, lors de la naissance du P.C.T.
- Mobutu Sese Seko, du Zaïre (actuelle RDC), en Février 1970.
- Omar Bongo, Gabon, lors du 10ème anniversaire de la rénovation (Mars 1970).
Ses meilleurs souvenirs, il les garde de Kinshasa (Février 1970) mais c’est du feu Président El Hadj Amadou Ahidjo, Cameroun, qu’il reçut le plus de soutien, tant sur le plan moral que matériel.
Posez la question à un Ivoirien, un Béninois, un Congolais, un Gabonais ou à un Centrafricain, la réponse est toujours la même :
Des décennies plus tard, cette musique a la même puissance, vous n’avez pas besoin de comprendre ce qu’il dit, ça vous pénètre.
Emmanuel Eboa Lotin est un croyant réaliste : Sur le tableau de bord de sa voiture, au chevet de son lit ou sur la table de son salon, un livre : la Bible. Il dit d’ailleurs ne demander dans ses prières que deux choses à Dieu :
Gagner le procès contre l’estomac et faire le rapport à la fosse septique.
Père de cinq merveilleux anges, Lynda, Henri, Jackie, Cathy et Samuel, il a partagé sa vie entre sa famille, sa foi, sa musique (près de 70 chansons) et sa sculpture, jusqu’à sa mort le 06 Octobre 1997, à Douala, Cameroun.
Il laisse une veuve, Jacqueline, ses cinq enfants, et un album inachevé.